Vers un SI performant et plus responsable : le CNES repense sa trajectoire digitale

Le Centre National d'Études Spatiales (CNES) a entrepris une refonte complète de son site web afin de répondre à des enjeux multiples : améliorer la performance technique du système d’information, renforcer la sobriété numérique, et proposer une expérience adaptée à ses divers publics. 

Cette démarche innovante, qui a d'ailleurs valu au CNES d'être récompensé aux Prix de la communication de l'État dans la catégorie « Parcours digital », s'est appuyée sur deux partenaires clés : Open, pour l'ingénierie et le développement, et sa filiale La Netscouade, pour l'accompagnement en design et expérience utilisateur.

Retour sur les éléments clés de l'entretien entre Basile Groussin, Chef de projet Communication digitale au CNES, et Soline Rampillon, Cheffe de projet Gestion de l’obsolescence et Sobriété numérique au CNES.

Quels constats vous ont poussés à lancer ce projet de modernisation ?

Basile Groussin
Chef de projet Communication digitale, CNES

En 2020, nous avons pris conscience de la nécessité d’opérer une refonte en profondeur du site web du CNES. L’ancien site comprenait plus de 12 000 pages, pour un total de 120 000 médias, répartis sur plus de 200 sous-domaines. En étudiant les statistiques de fréquentation du site, nous nous sommes rendus compte que plus de 90% des pages étaient consultées moins de 100 fois par an. Avoir autant de contenu n’était donc pas la meilleure façon de toucher nos différents publics et allait même à contre-courant des bonnes pratiques en termes d’accessibilité et de sobriété numérique.

Et côté technique ?

Nous devions également répondre à des enjeux d’obsolescence technique, qui se traduisaient par un accroissement des risques de failles de sécurité. Il nous fallait rapidement traiter cet aspect. Le site web cnes.fr a ainsi été un des premiers projets conséquents à migrer sur notre nouveau service d’hébergement, La Fabrique. Une solution interne au CNES, reposant sur la Google Cloud Platform (GCP). Les travaux de refonte du site ont démarré en 2022, avec l’appui de La Netscouade, alors que la phase de développement a débuté fin 2023, au terme d’un appel d’offres remporté par Open.
Soline Rampillon Cheffe de projet Gestion de l’obsolescence et Sobriété numérique, CNES

Quelles ont été les grandes étapes du projet ?

Basile Groussin
Chef de projet Communication digitale, CNES

Le premier temps fort, réalisé en partenariat avec La Netscouade, consistait à définir la charte graphique du site. Nous avons choisi d’utiliser le Système de Design de l’État (DSFR), une bibliothèque de composants permettant de créer des sites web sur mesure. Le DSFR permet d’accélérer la conception d’un site web, que ce soit lors de la définition de sa maquette ou lors de la phase de développement. Toutefois, c’est également une contrainte, car lorsque l’on opte pour le DSFR, il faut l’appliquer en entier. Au final, le résultat proposé par La Netscouade est très convaincant : l’identité CNES y est bien présente, malgré les contraintes imposées par le DSFR. Plusieurs choix graphiques ont été faits, avec un site s’appuyant sur un mode sombre, agrémenté d’illustrations au design plutôt technique et de magnifiques vues de l’espace issues de la photothèque du CNES.

Le second temps fort du projet a été la refonte éditoriale du site. Un travail mené en interne, avec l’appui de référents métiers capables de couvrir nos différents publics (scientifiques, entreprises, collectivités, enseignants…). Un des éléments clés de la nouvelle structure du site est la rubrique « Vous êtes », qui permet de proposer du contenu adapté à différentes typologies de visiteurs : journalistes, scientifiques, entreprises, enseignants, étudiants, ainsi que les plus jeunes… et même les extra-terrestres ! Cette approche par profil de visiteur nous permet de proposer des contenus mieux ciblés, mais aussi plus faciles à mettre à jour. Pour la première version du nouveau site, nous avons décidé de nous concentrer sur un MVP (Minimum Viable Product) de 300 pages… contre 12 000 précédemment. Grâce à une bonne identification des contenus en amont et un plan de redirection efficace, nous avons non seulement réussi à maintenir le trafic, mais nous l’avons même doublé !

Soline Rampillon
Cheffe de projet Gestion de l’obsolescence et Sobriété numérique, CNES

Le troisième temps fort du projet a été le lancement fin 2023 de la phase de développement et de mise en ligne du nouveau site, en collaboration avec le centre de production d’Open à Rennes. Dès le début des travaux, nous avons eu la surprise de constater que les failles de sécurité que nous craignions commençaient à se concrétiser. Nous avons alors décidé d’accélérer les développements : plutôt que proposer un nouveau site 100% opérationnel début 2025, nous avons programmé la mise en production d’un site au périmètre plus restreint, un MVP, pour l’été 2024. Le tout avec une petite pression supplémentaire ; la nécessité de mettre en ligne le site avant le premier lancement d’Ariane 6, programmé en juillet. Tout le monde s’est alors activé pour sortir un site en à peine 6 mois, contre un an dans le planning initial.

L’un de nos principaux défis techniques a été de connecter notre usine logicielle à celle d’Open. Nous souhaitions en effet bénéficier de la solidité d’Open, et notamment de son processus qualité. Il a donc fallu se mettre d’accord sur la manière de connecter nos usines logicielles respectives, déterminer à quel moment le travail réalisé chez Open basculerait vers le CNES et s’assurer que les résultats obtenus par Open soient réplicables au sein du CNES. Bref, mettre en place les briques nécessaires à une bonne collaboration.

Souhaitez-vous partager d’autres enseignements ?

Auparavant, nous proposions des centaines de fiches pédagogiques, éparpillées dans les différentes rubriques du site. Nous avons mené un important travail de restructuration de ces contenus, qui a donné lieu à la publication de 70 fiches pédagogiques, rassemblées dans la rubrique « Découvrez l’espace ». Du contenu de vulgarisation à destination du grand public, qui permet de démystifier certains concepts clés autour du spatial. Là encore, cela s’est avéré être un choix gagnant : ces fiches comptent aujourd’hui pour 25% du trafic du site cnes.fr, avec une belle visibilité dans les moteurs de recherche, au coude à coude avec des sites comme Wikipédia.
Basile Groussin Chef de projet Communication digitale, CNES

Comment l'éco-conception s'est-elle traduite dans votre collaboration ?

Soline Rampillon
Cheffe de projet Gestion de l’obsolescence et Sobriété numérique, CNES

En effet et il était important pour nous de respecter les exigences d’accessibilité et d’écoconception définies respectivement au travers du RGAA (référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) et du RGESN (référentiel général d’écoconception des services numériques). Dès   ses premières recommandations, Open nous a proposé un score d’écoresponsabilité cible. À chaque incrément, nous avons pu suivre l’évolution du score dans l’outil fruggr de Digital4Better (dont Open est partenaire), afin de nous assurer que nous respections toujours notre objectif.  La méthodologie d'Open nous a particulièrement séduits, faisant partie intégrante de notre décision de les retenir.

Notre nouveau service d’hébergement interne, La Fabrique, participe lui aussi à la mise en œuvre de pratiques écoresponsables. Une équipe dédiée tient à jour le catalogue des services déployés sur La Fabrique, ce qui permet de mieux gérer l’obsolescence des différents sites ou éléments qui y sont hébergés. Le cloud nous permet par ailleurs de faire du FinOps, et par extension du GreenOps. En optimisant et rationalisant notre usage des ressources de la plateforme GCP, nous réduisons en effet nos coûts, mais aussi notre empreinte environnementale. Au travers d’une approche globale, combinant fruggr côté développement et FinOps côté exploitation, c’est tout le CNES qui va de l’avant vers le numérique responsable. Et Open est là pour nous accompagner pas à pas dans ce processus. 

Aujourd’hui, vous avez doublé le trafic. Avez-vous identifié l’impact de cette refonte ?

Basile Groussin
Chef de projet Communication digitale, CNES

Début 2025, nous étions à plus de 150 000 pages vues par mois en moyenne, pour 60 000 visiteurs uniques. Depuis le lancement du nouveau site, nous avons en effet doublé notre trafic et nous sommes même en passe de le tripler. Aujourd’hui, nous assumons totalement le choix d’un site resserré, voire minimaliste : nous voulons produire moins de contenu, mais mieux, en nous assurant que les pages existantes restent toujours à jour, plutôt que de créer sans cesse de nouveaux contenus, comme cela était le cas auparavant.

En termes d’architecture, comment avez-vous anticipé et géré ce trafic exceptionnel ?

Soline Rampillon
Cheffe de projet Gestion de l’obsolescence et Sobriété numérique, CNES

Quelques jours après la mise en ligne du nouveau site, nous avons connu un important pic de fréquentation, lié au premier lancement d’Ariane 6, avec 40 000 pages vues en seulement 24 heures. En amont avec Open, nous avions lancé toute une batterie de tests de performance pour nous assurer que La Fabrique pourrait encaisser une telle charge, avec d’excellents résultats… qui se sont confirmés le 9 juillet 2024, le décollage d’Ariane 6 n’ayant pas fait tomber le site du CNES. 

"Nous avons accordé notre confiance à Open pour nous accompagner sur ce projet technique ambitieux et nous en sommes aujourd’hui plus que ravis. "

concluent Soline RAMPILLON et Basile GROUSSIN.

Le CNES récompensé aux Prix de la communication de l'Etat

Ce Prix récompense la refonte du site institutionnel du CNES. Les bonnes pratiques qui ont fait la différence :

  • Adoption du système de design de l'État (DSFR) tout en y ajoutant une identité visuelle distinctive pour concilier efficacité de conception et différenciation.
  • Élagage éditorial  : passage de 12 000 à 300 pages en privilégiant la qualité sur la quantité, ce qui a triplé le trafic.
  • Stratégie SEO ciblée en identifiant les sujets porteurs pour atteindre les premières positions sur des requêtes stratégiques
  • Déploiement par étapes avec un MVP pour lancer rapidement une première version fonctionnelle et respecter les échéances critiques, à enrichir progressivement.

A propos du CNES

Le Centre national d'études spatiales (CNES) est l'agence spatiale française. Le CNES est chargé de définir et mettre en œuvre la stratégie spatiale de la France (lancements, véhicules spatiaux, opérations en orbite, etc.) ainsi que déployer les politiques publiques qui requièrent l’appui du secteur spatial (gestion des territoires, agriculture, santé, télécommunications, catastrophes naturelles, défense, etc.).

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